Rémunération des stagiaires en éducation.

Je me présente, Conrad Huard, superviseur en fin de carrière, pendant 10 belles années, d’étudiants en éducation et surtout des finissants.

 Après plus de 30 ans comme auteur et expert-conseil international en éducation, je voulais finir ma carrière en transmettant ce que j’ai appris de mes vécus comme enseignant, comme charger de cours pour l’université Laval, l’université de Sherbrooke et de l’Université du Québec à Montréal. Comme auteur de 75 publications de manuels, de cahiers, de guides et d’outils d’évaluation des apprentissages des élèves du primaire et des étudiants du secondaire, comme animateur et conférencier dans toutes les régions du Québec et de la majorité des provinces du Canada et enfin des 7 ans comme superviseur d’un projet de l’USAID américain au Bénin en Afrique dans la conception de leurs propres manuels scolaires, m’a beaucoup marqué.

On se questionne actuellement sur la nécessité ou non de la rémunération des étudiants lors de leurs stages de formation. Je ne peux que m’exprimer sur les stages des étudiants en éducation.

J’ai supervisé des étudiants de différents niveaux de leurs études. Avec l’expérience de mes supervisions, les stages des étudiants en éducation ne sont pas tous du même niveau d’implication, de responsabilité et d’exigence.

Les stages de première année sont plus de l’ordre de l’observation, donc à mon avis ne devraient pas être rémunérés, car n’impliquant aucune responsabilité en étant en présence du maître associé en place. Le premier stage d’un étudiant en éducation est surtout pour lui, de percevoir son intérêt, sa motivation et sa détermination pour l’enseignement.

Les stages de deuxième année ont surtout comme but d’apprendre aux étudiants les difficultés de l’ordre de la planification et de la gestion de classe. D’une université à l’autre, les exigences et les modalités diffèrent.  Ce sont par contre des stages de courte durée et presque totalement en présence du maître associé de la classe. C’est un test de motivation et de réaction envers les imprévus et les responsabilités.

Les stages de troisième année varient également d’une université à l’autre. Il y a par contre un point commun, soit un partage dans la durée du stage comme responsable de la classe, de la planification et de la gestion des comportements. Ce stage devrait selon mon expérience et des implications du stagiaire être rémunéré à la moitié du revenu du maître associé, car il y a vraiment une association  entre le maître de stage et le stagiaire en responsabilité, en gestion et en planification. Le stagiaire se doit de démontrer ses capacités et le maître de stage se doit de confier ses responsabilités.

Les stages de quatrième année devraient être rémunérés au trois quarts du revenu des enseignants du premier échelon de leur convention. Les stagiaires de quatrième année ont la pleine responsabilité, de la planification, de l’enseignement, de l’évaluation et de la gestion de leur classe. J’ai constaté, qu’à ce niveau, plusieurs ont aussi des responsabilités financières et que la grande majorité des stagiaires ont souvent l’obligation de travailler à l’extérieur de leur stage, ce qui hypothèque leur concentration dans leur tâche. Ces stagiaires, dans quelques mois après la fin de ce dernier stage, seront souvent engagés à plein salaire et en pleine responsabilité de leur tâche.

Les maîtres associés et les superviseurs ont comme responsabilité, afin de porter un jugement sur les capacités des stagiaires, de leur offrir le maximum de libération des obligations extérieures afin de démontrer leurs capacités et leur professionnalisme.

C’est une forme de valorisation de la profession. La tâche d’enseigner est exigeante et ne peut être quantifiée et rémunérer seulement en argent et en heures, mais bien en passion en implication entière et totale. Aucun enseignant ne serait capable de remplir ses obligations professionnellement en travaillant  le soir et les fins de semaine pour une autre entreprise.

Les stagiaires de quatrième année sont à quelques mois du plein salaire. Il faut le reconnaître.

S’il y a échec à ce dernier stage, et je l’ai vécu comme superviseur, c’est le prix minime à payer pour les manques flagrants des précédents superviseurs et des maîtres associés qui n’ont pas su le percevoir à temps et au bon moment.

Conrad Huard.